La Terre, un écrin de biodiversité naturel, est malheureusement polluée par des activités humaines incessantes que ce soit à travers l’agriculture, les sites d’enfouissement, les décharges ou encore les industries. Cette contamination des sols affecte l’équilibre écologique et notre santé. Mais que faire si nos terrains deviennent des vecteurs de substances nocives ? Et si vous pouviez sauver la terre grâce à l’action de la nature ? Et oui, c’est bel et bien possible grâce à une technique innovante et respectueuse de l’environnement : la phytoremédiation. Comment fonctionne-t-elle ? Comment mettre en place cette méthode ? On vous explique tout ce qu’il y a à savoir sur cette solution durable et indispensable pour revivifier vos sols !
Qu’est-ce qu’un sol pollué ?
Un sol est considéré comme pollué lorsqu’il contient des substances chimiques ou autres composants nocifs en quantité suffisante pour causer un préjudice à la santé humaine, aux organismes vivants, ou perturber les écosystèmes.
La pollution du sol peut être visible à l’œil nu, comme des résidus d’huile, de solvants, de teintures, ou de peinture, ou invisible, impliquant des contaminants dissous ou mélangés dans la terre.
Ce déséquilibre de la biodiversité tire son origine de plusieurs sources.
Tout d’abord, les usines et les installations de production peuvent rejeter divers polluants, y compris des métaux lourds comme le plomb ou le cadmium, des produits chimiques organiques et inorganiques, des déchets industriels solides, et des substances radioactives.
L’agriculture intensive peut également être la raison d’une pollution dans le sol. L’utilisation excessive de pesticides, herbicides, et d’engrais chimiques dans l’agriculture moderne peut laisser des résidus nocifs qui s’infiltrent dans le sol.
De plus, les décharges non contrôlées, les fuites de canalisations d’eaux usées, et les déchets solides peuvent libérer divers contaminants dans le sol environnant.
Enfin, il ne faut pas oublier les déversements accidentels de produits chimiques, les fuites de pétrole, et les accidents nucléaires qui sont aussi la conséquence de pollutions importantes et souvent difficiles à réhabiliter.
Qu’est-ce que la phytoremédiation ?
La phytoremédiation est une technologie verte utilisant des plantes et leurs microbiomes associés pour nettoyer les environnements contaminés.
Son principe repose sur l’exploitation des capacités naturelles de certaines plantes à absorber, accumuler, dégrader ou rendre inoffensifs les polluants présents dans les sols, les sédiments, l’eau de surface, ou même l’eau souterraine.
Cette technique se présente comme une alternative aux méthodes de réhabilitation traditionnelles, qui sont souvent coûteuses et peuvent être destructrices pour l’écosystème.
Contrairement à ces dernières, la phytoremédiation travaille de manière douce et progressive, s’inscrivant dans une approche de développement durable et de respect de l’équilibre écologique.
Comment fonctionne la phytoremédiation ?
Le concept de phytoremédiation repose sur plusieurs actions qui vont, une fois combinées, permettre de dépolluer les sols grâce aux mécanismes de la nature.
- Phytoextraction : Il s’agit du processus par lequel les plantes absorbent les contaminants par leurs racines et les déplacent dans leurs tiges et feuilles. Ces plantes, souvent des hyperaccumulateurs, sont ensuite récoltées et traitées pour extraire le polluant, réduisant ainsi la concentration des toxines dans le sol.
- Phytostabilisation : Cette technique emploie des plantes pour immobiliser les contaminants. Les métaux lourds, par exemple, sont stabilisés dans le sol par les racines des plantes qui empêchent leur migration vers l’eau souterraine ou la chaîne alimentaire, réduisant le risque d’exposition.
- Phytodégradation : Ici, les plantes décomposent activement les polluants organiques en composés moins nocifs, souvent avec l’aide de micro-organismes bénéfiques qui vivent en symbiose avec leurs racines. Ce processus est particulièrement utile pour traiter les sols contaminés par des substances organiques telles que les pesticides ou certains solvants.
- Phytoévaporation : Certaines plantes sont capables d’absorber l’eau contaminée par leurs racines et de transpirer cette eau sous forme de vapeur par leurs feuilles, éliminant ainsi les polluants volatils dans l’atmosphère où ils se dégradent plus rapidement sous l’action du soleil et de l’oxygène.
- Rhizofiltration : Semblable à la phytoextraction, elle est spécifiquement appliquée à la purification de l’eau. Les racines des plantes absorbent et concentrent les contaminants, notamment les métaux lourds, depuis l’eau contaminée. Une fois que les racines sont saturées, les plantes peuvent être récoltées, et les polluants sont alors retirés du cycle de l’eau.
Quels sont les avantages de la phytoremédiation ?
Le potentiel de la phytoremédiation est vaste. Elle est utilisée pour réhabiliter des sites contaminés par des activités industrielles, comme les mines ou les usines métallurgiques, ainsi que pour traiter des terrains agricoles pollués par l’utilisation intensive de pesticides. De plus, elle sert à la gestion des eaux pluviales urbaines et à la restauration de sites endommagés par des déversements pétroliers.
On retrouve de nombreux avantages à l’utilisation de la phytoremédiation dans la dépollution des sols :
- Écologique : Contrairement au terrassement ou à l’incinération, elle ne perturbe pas l’écosystème existant, préserve la faune et la flore locales et évite la dégradation du paysage. De plus, les plantes utilisées contribuent à rétablir l’équilibre naturel et à améliorer la qualité des sols en réintroduisant de la matière organique et en favorisant l’activité microbienne.
- Économique : La phytoremédiation est moins coûteuse, car elle utilise des plantes comme agents dépolluants, limitant ainsi la nécessité d’investissements lourds en équipement et en énergie. De plus, les sols dépollués peuvent retrouver leur valeur agricole ou immobilière. Cette méthode peut transformer des terrains contaminés, considérés comme inutilisables, en terres propices au développement de projets résidentiels ou agricoles.
- Esthétique : La phytoremédiation offre une alternative esthétiquement agréable aux méthodes conventionnelles de dépollution. Les terrains traités sont souvent reconvertis en espaces verts publics, contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité de vie des communautés locales.
L’avantage principal, c’est que la phytoremédiation n’est pas seulement une technique de dépollution. C’est une stratégie globale qui, au-delà de ses bénéfices immédiats, s’inscrit dans une vision à long terme pour la réhabilitation des sols pollués.
En évitant l’usage intensif de machinerie lourde et en promouvant la croissance des plantes, cette technique contribue à une réduction de l’empreinte carbone. Les plantes captent le CO2 atmosphérique participant à la lutte du changement climatique.
Comment pratiquer la phytoremédiation dans mon jardin pour dépolluer les sols ?
Bien entendu, il faut savoir que la phytoremédiation demande une connaissance accrue des différentes méthodes de dépollution des sols. En effet, cela requiert d’utiliser des plantes particulières qui possèdent des caractéristiques spécifiques qui leur permettent de tolérer, d’accumuler et parfois de transformer les polluants.
Quelles sont les plantes utilisées en phytoremédiation ?
Voici quelques exemples de plantes qui participent à la phytoremédiation :
- Le thlaspi : Capable d’absorber du zinc, de cadmium et de plomb, il est souvent utilisé dans la phytoremédiation des métaux lourds.
- L’Alysse : Cette plante aide à extraire le nickel des sols contaminés.
- La moutarde : Elle permet d’extraire des métaux tels que le cadmium, le plomb, le cuivre, et le zinc.
- Les peupliers : Ils sont utilisés dans la dégradation des contaminants organiques comme les trichloréthylènes (TCE), en raison de leur système racinaire étendu et de leur croissance rapide.
- Les saules : Tout comme les peupliers, ils ont aussi une capacité à dégrader les contaminants organiques.
- La fétuque élevée : En stabilisant les métaux lourds, cette herbe limite le risque de dispersion des polluants vers les eaux souterraines ou par érosion.
- La fougère arborescente : Elle aide à stabiliser et accumuler l’arsenic, une solution pour la restauration de sites contaminés par cet élément.
- Les Brassicacées : Des végétaux faisant partie de la famille des Brassicacées, dont le chou et la moutarde brune absorbent et volatilisent le sélénium, aidant à la purification des sols affectés.
- Le tournesol : Il aide à extraire des toxines telles que l’uranium, le strontium et le césium des eaux contaminées grâce à ses racines.
- Le maïs : Il favorise la croissance microbienne dans le sol qui aide à la dégradation des hydrocarbures et autres polluants organiques.
Chaque plante a des exigences de croissance spécifiques et une affinité pour certains types de polluants. Comme l’explique un rapport sur la phytoremédiation, “L’utilisation des plantes indigènes est à privilégier car les plantes utilisées en phytoremédiation peuvent accomplir plusieurs services écosystémiques, en plus de la décontamination. On peut se tourner vers des plantes introduites déjà naturalisées qui poussent sur ou près du site parce qu’elles seront compétitives localement et ont le potentiel de bien tolérer les polluants“.
Comment savoir si mon sol est pollué ?
Savoir si votre sol est pollué est crucial pour la santé de votre jardin, de vos cultures, et plus largement pour l’environnement local et votre santé. La pollution des sols est souvent silencieuse et invisible. Cependant, il existe des indicateurs et des méthodes pour détecter une éventuelle contamination des sols et donc un besoin de phytoremédiation :
- Un changement de couleur du sol : Des taches de sol inhabituelles ou des zones où rien ne pousse peuvent indiquer une contamination.
- Des odeurs particulières : Une odeur étrange ou chimique émanant du sol peut être un signe de pollution.
- Une mort subite des plantes : Si les plantes ou l’herbe meurent sans raison apparente, cela peut être dû à des substances nocives dans le sol.
- Un pH particulièrement bas, une présence de d’éléments comme du plomb ou d’autres métaux lourds aperçus après la réalisation de tests chimiques.
Si vous repérez un sol pollué, il faudra ensuite déterminer jusqu’où la contamination s’étend pour planifier la dépollution. Il est toujours préférable d’identifier la source afin de prévenir d’autres contaminations.
Quelle sont les conséquences d’un sol pollué ?
Bien qu’invisible dans la plupart des cas, la pollution des sols peut avoir de réels effets à plusieurs niveaux.
Si l’agriculture peut en être la cause, il faut savoir que ces actions peuvent se retourner contre elle. En effet, la fertilité des sols peut être réduite, affectant la croissance des plantes et, par conséquent, la production alimentaire.
De plus, les sols pollués affectent directement la faune et la flore, entraînant une diminution de la biodiversité, la perturbation des habitats et des chaînes alimentaires.
Enfin, il ne faut pas sous-estimer le fait que ces contaminants peuvent entrer dans la chaîne alimentaire via les cultures et l’eau potable, menant à divers problèmes de santé, de l’intoxication aiguë aux maladies chroniques comme le cancer.
Quelles sont les limites de la phytoremédiation ?
Bien que la phytoremédiation soit une méthode prometteuse et durable pour décontaminer les sols, elle n’est pas sans limites. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle n’est pas une technique utilisée par la majorité pour traiter les sols pollués.
Des limites dans l’efficacité des végétaux dépolluants
La phytoremédiation est efficace pour une gamme spécifique de contaminants, principalement les métaux lourds et certains composés organiques. Elle est moins adaptée pour les polluants très volatils, extrêmement toxiques ou pour ceux qui ne sont pas biodisponibles pour les plantes.
De plus, pour les sites extrêmement pollués, cette méthode peut s’avérer moins efficace ou nécessiter un temps très long pour nettoyer le sol de manière significative (en comparaison aux techniques traditionnelles).
Des limites dans la temporalité
La phytoremédiation est une solution à envisager sur le long terme. Surtout, il s’agit d’un processus lent par rapport aux méthodes conventionnelles comme l’excavation et le traitement hors site. Cela peut prendre plusieurs saisons de croissance, voire des décennies, pour que la décontamination soit complète.
Des limites dans l’écologie
La croissance des plantes utilisées pour la phytoremédiation dépend des conditions climatiques locales. Le froid, la sécheresse ou d’autres conditions météorologiques défavorables peuvent ralentir ou inhiber le processus de dépollution. De plus, toutes les plantes ne sont pas adaptées à tous les environnements. Celles que vous allez utiliser doivent pouvoir pousser dans les conditions spécifiques du site contaminé.
Des limites techniques
La phytoremédiation est généralement limitée à la zone racinaire des plantes. Les contaminants situés en profondeur sont hors de portée et nécessitent d’autres méthodes de dépollution.
Et vous, avez-vous déjà essayé la phytoremédiation ?
La solution pour un arrosage écologique et des plantes heureuses,
Wepot